par Lou Kolnikoff
11 novembre 2024
Alors que le Centre Pompidou célèbre les cent ans du Surréalisme, la Galerie T&L, nichée à deux pas du musée parisien, propose une exposition mettant à l’honneur les œuvres méconnues de la sculptrice surréaliste Helen Phillips (1913-1995) en montrant ses statues en face des tableaux de son époux, le peintre britannique Stanley William Hayter (1901-1988). La galerie leur associe aussi quelques œuvres de l’une de leurs plus chères élèves, la peintre américaine Gail Singer (1924-1983).
De la Californie à Paris ; de Paris à New York
Helen Phillips naît à l’autre bout du monde en 1913 : à Fresno, ville de l’intérieur des terres de la Californie. Étudiant les Beaux-Arts à San Francisco, elle y fait la connaissance du grand peintre mexicain Diego Rivera mais choisit de se tourner vers la sculpture. Un beau jour de 1936, elle débarque à Paris, capitale incontournable des arts et de la bohème, destination d’innombrables Américains attirés par le cosmopolitisme de la Ville lumière. Là, elle s’inscrit dans un des rares ateliers tenus par un artiste parlant anglais, un certain Stanley William Hayter. Au cours des années 1930, Hayter, qui est peintre et graveur, est devenu un pilier du mouvement surréaliste : ce Londonien, chimiste de formation, s’installe à Paris dès 1926 où, sans le sou, il partage une chambre avec un autre sculpteur américain : un certain Alexander Calder. Dès l’année suivante, il crée un atelier de gravure, l’Atelier 17, qui deviendra le principal lieu de l’estampe surréaliste à Paris : Picasso, Miró, Tanguy, Masson mais aussi Vieira da Silva et Giacometti viendront y pratiquer la gravure.
Membre du groupe surréaliste à partir de 1934, engagé pendant la Guerre d’Espagne au point de s’y rendre pour aider l’armée républicaine, Hayter est aussi, avec Roland Penrose, l’un de ceux qui introduisit le Surréalisme en Grande-Bretagne, grâce à une exposition fondamentale, « The International Surrealist Exhibition », organisée à Londres en 1936. Sous la direction de Hayter, Phillips apprend la gravure à l’Atelier 17 – elle réalisera de très belles estampes au cours de sa carrière, en lien étroit avec les thèmes de sa sculpture. Les deux tombent amoureux et se marient en 1940.