Author : Tancrède Hertzog
Alors que le Centre Pompidou célèbre les cent ans du Surréalisme, la Galerie T&L propose dans ses locaux situés tout près du musée parisien, la première exposition mettant en relation les oeuvres de la sculptrice surréaliste Helen Phillips (1913-1995) avec les tableaux de son époux, Stanley William Hayter (1901-1988). Elle leur associe également quelques oeuvres de l’une de leurs plus chères élèves, la peintre américaine Gail Singer (1924-1985), aujourd’hui relativement oubliée.
L’exposition propose une confrontation originale entre les tableaux de Hayter (dont une oeuvre fait partie du parcours de l’exposition du Centre Pompidou) et de Singer et les oeuvres de Phillips, qui est l’une des rares femmes du mouvement surréaliste à avoir pratiqué la sculpture.
Phillips et Hayter : sculpture et peinture, du surréalisme à l’abstraction
Commençons cependant par présenter le mari. S. W. Hayter est l’un des principaux représentants du mouvement surréaliste : ce Londonien s’installe à Paris dès 1926 où, sans le sou, il partage une chambre avec Alexander Calder. Dès l’année suivante, il crée un atelier de gravure, l’Atelier 17, qui deviendra le principal lieu de l’estampe surréaliste à Paris : Picasso, Miró, Tanguy, Masson mais aussi Vieira da Silva et Giacometti viendront y pratiquer la gravure. Membre du groupe surréaliste, engagé pendant la Guerre d’Espagne au point de s’y rendre pour aider l’armée républicaine, Hayter est aussi, avec Roland Penrose, l’un de ceux qui introduisit le Surréalisme en Grande-Bretagne, grâce une exposition fondamentale, « The International Surrealist Exhibition », organisée à Londres en 1936. C’est dans son atelier de gravure parisien, où elle s’inscrit en 1936, que la californienne Helen Phillips rencontre Hayter, qui la forme à son esthétique. Ils se marient en 1940 et auront deux enfants. Aux côtés de Hayter, elle s’initie avec brio à la gravure et intègre rapidement la leçon de son époux à sa pratique de sculptrice.